Crises politiques et minorités dans la région des Grands Lacs africains. Cas du Burundi et du Rwanda
* Nsanze Augustin: historien burundais, chercheur sur le Burundi, ancien professeur d'histoire à l'Université du Burundi. |
Depuis les années 1958, le Rwanda et le Burundi ont vécu des drames. Une situation qui s'enracine dans la période coloniale et qui se prolonge dans le présent, le futur n'invitant pas non plus à l'optimisme. Ces crises auxquelles on a souvent donné un caractère purement politique se fondent sur des différences sociales et culturelles que les acteurs politiques reconnaissent dans le secret, mais n'osent pas brandir en public. D'où des discours fallacieux qui désorientent les analystes et les chercheurs. Sinon il y a longtemps qu'on aurait déjà pu esquisser des solutions durables. Les hauts et les bas dans la lutte pour le pouvoir ont, au cours des 41 dernières années, permis d'identifier des minorités et des majorités qui ont pu cependant s'inverser. Et cela sur un fond ethnique plus stable, mais de plus en plus menacé par la hantise du génocide. En effet, s'il est connu que dans ces pays l'ordre numérique des composantes ethniques est Hutu, Tutsi, Twa, force est de constater aussi que, si au Rwanda les Hutu ont régné pendant 36 ans, les Hutu du Burundi n'ont dirigé le pays que pendant 102 jours. Quant aux Twa (1% de la population) auxquels les droits les plus élémentaires ont été refusé, ils ont été contraints de s'allier á l'un ou l'autre groupe, de gré ou de force, suivant les circonstances: une minorité permanente! |