Quietly queer(ing): the normative value of sutura and its potential for young women in urban Senegal
Résumé en français
Sutura (discrétion, modestie) est un élément central de la culture wolof sénégalaise qui, entre autres choses, valorise l'honneur féminin à travers la chasteté, le silence (en ne parlant pas de sexualité avec ses aînés) et le fait de s'abstenir de parler de désirs homosexuels en général. Par voie de conséquence, on pense que sutura limite l'espace réservé aux sexualités non normatives. Or, les femmes lesbiennes sénégalaises emploient le concept de sutura de manière stratégique pour naviguer cette normativité sexuelle et de genre, moyennant quoi elles opèrent une queerization du cadre initialement hétéronormatif. Cet article explore comment, aux frontières du militantisme international pour les droits sexuels et de son code social islamique antithétique, les jeunes femmes ouvrent de nouvelles pistes pour penser l'Afrique queer. L'article explore les diverses tactiques qu'utilisent les jeunes femmes pour transformer le cadre hétéronormatif du sutura en mode d'expression queer. Ces femmes démontrent la possibilité constante mais indéterminée de négocier entre les attentes normatives et la vie queer. Elles proposent ainsi une alternative à une approche internationale flagrante de résistance et de protestation queer, et suggèrent que les silences prescrits par le concept de sutura sont plus productifs pour la queerization de leur environnement urbain. Entre désirs d'intimité homosexuelle, vie de famille, attentes de la société et réussite urbaine, ces femmes sont des pionnières qui ouvrent de nouvelles voies à ce que Stella Nyanzi décrit comme « la queerization de l'Afrique queer ».
This article appeared in Africa, Volume 91, Issue 3, May 2021, pp. 434 - 452 DOI: https://doi.org/10.1017/S0001972021000243[Opens in a new window]
Author(s) / editor(s)
About the author(s) / editor(s)
Loes Oudenhuijsen is a PhD candidate at the ASCL working on her own project, titled ‘Islam, everyday ethics, and its gendered contestations: ‘‘wicked’’ women in Senegal from 1950 to the present.’