Séminaire: Les entrepreneurs militaires et la démocratisation à Madagascar
This seminar will be in French, but questions can be asked in English.
L’étude de la démocratie dans l’Afrique postcoloniale et notamment à Madagascar ne peut faire l’impasse sur celle des élites martiales ainsi que de son incidence sur le système politique : le prétorianisme (Perlmutter 1977). Au lendemain des indépendances, tout comme aujourd’hui, l’armée occupe les premières loges du pouvoir (Mali, République Démocratique du Congo, etc.). Cela illustre d’une part que l’armée est un acteur politique majeur légitimé comme garant de la stabilité tout en étant un vecteur d’alternance politique violent. D’autre part que la resectorisation du politique et du militaire n’a pu être mise en œuvre (Thiriot 2008) en dépit de la troisième vague (Huntington 1991). Ainsi Madagascar a connu un coup d’État en mars 2009 (Randrianja 2012 ; Ramasy 2012). Cette nouvelle intrusion des militaires dans la politique se manifestera par une confiscation du pouvoir avec le concours des élites politiques à travers la mise en œuvre d’une gouvernance dite « criminelle » où la violence légitime est utilisée à des fins d’accumulation de richesses. L’État malgache s’en trouve ainsi criminalisé (Bayart et al. 1997) et se met en place une structure occulte et collégiale du pouvoir, assimilable à l’État profond propre à la Turquie (Akça 2010), qui contrôle le détenteur officiel de celui-ci. En effet, une coalition entre les élites/entrepreneurs militaires, politiques, économiques s’opère dans une volonté de conservation des avantages et de permanence au pouvoir. Par ailleurs, la criminalisation se caractérise également par la mise en marche de « stratégies de tensions » initiées par des entrepreneurs de l’insécurité afin de conserver le pouvoir politique. La mise en œuvre de telles stratégies amène à s’interroger sur les incidences sur le processus de démocratisation ayant cours à Madagascar notamment au regard de la criminalisation croissante des forces armées.
Juvence F. Ramasy holds PhD in Political Science from the University of Toulouse 1 Capitole, France. He is a Lecturer at the University of Toamasina, Madagascar where he teaches courses in Political Science and Law. He is a visiting fellow at the African Studies Centre from 23 January until the end of March 2013.
Dr. Ramasy’s research interests include State, Politics and Power, Elite, Army, and Democracy. He has published several articles on the democratization process in Madagascar. In 2011, Dr. Ramasy was a Visiting Fellow at the China Foreign Affairs University, in Beijing. In 2012, Dr. Ramasy was a Visiting Professor at the Institut d’Etudes Politiques de Lyon, France where he gave a course on Political Parties in Africa. Here at the ASC, Dr. Ramasy will conduct research on the security sector in Madagascar.