Régimes fonciers et aménagement des ressources dans un contexte pluriethnique et de pluralisme juridique

Les sécheresses des années 1970 et 1980 ont provoqué partout en Afrique de l'Ouest des migrations des éleveurs peuls vers des zones plus humides. Dans cet article l'auteur présente quelques réflexions sur la dynamique de la propriété foncière et de la territorialité dans le Sahel du Mali central, et il examine les conséquences de ces réflexions sur l'étude des rapports interethniques entre les cultivateurs sédentaires et les éleveurs nomades. Compte tenu des changements récents dans le secteur pastoral, on peut s'attendre à ce que montent les tensions concernant l'accès à la terre et le contrôle des ressources cruciales pour l'élevage comme la terre, les pâturages, les points d'eau et les arbres. Des lois et des règles concernant l'accès à ces ressources jouent un rôle important et souvent ambigu. L'auteur présente deux exemples pour montrer la relation dialectique entre élevage et agriculture d'une part, et entre tenure de la terre et territorialité de l'autre: celui des relations entre éleveurs peuls et cultivateurs bamana, et celui des relations entre éleveurs peuls et cultivateurs riimaaybe. Il conclut que les régimes de propriété et fonciers et les frontières dynamiques entre éleveurs et cultivateurs doivent être analysés comme des phénomènes historiques, dans un cadre spatial et historique, qui sont constamment recréés dans un processus dialectique avec la réalité quotidienne. Les réseaux de normes, règles et régulations relatifs à l'accès à une variété de ressources et aux formes d'organisation sociale hétérogènes doivent être suffisamment flexibles pour permettre aux individus et aux groupes de gérer les dynamiques dans la disponibilité des ressources caractéristiques des régions (semi-)arides de l'Afrique de l'Ouest. Bibliogr., notes, réf